Paru récemment, l’ouvrage intitulé Devine mon âge si tu peux, écrit par le Dr Olivier Courtin-Clarins et publié chez Marabout en 2023, utilise les récentes découvertes en épigénétique pour offrir des recommandations holistiques visant à prolonger la longévité en bonne santé. À Paris, dans le XVIe arrondissement, la Maison Epigenetic, un concept innovant, propose d’optimiser nos capacités grâce à des évaluations et des programmes sur mesure, en s’appuyant sur des technologies de pointe ainsi que des séances de yoga. Les entreprises de cosmétiques et de compléments alimentaires, quant à elles, intègrent ces avancées scientifiques sur le fonctionnement des cellules afin de créer des produits destinés à « inverser les signes du vieillissement de la peau ». L’épigénétique, qui a succédé à la tendance du microbiote, suscite un véritable engouement et incarne une révolution dans nos modes de vie, bien au-delà d’une simple mode.
Qu’est-ce que l’épigénétique ?
Selon l’Inserm, l’épigénétique est une branche de la science qui « explore comment les activités des gènes peuvent changer lors des divisions cellulaires sans altérer la séquence de l’ADN ». C’est un domaine complexe qui révolutionne notre compréhension de la santé.
« Certains segments de nos gènes hérités sont soit activés, soit désactivés. On apprend que notre environnement (ou exposome) peut les activer », indique la dermatologue Martine Baspeyras.
L’« expression génétique » peut être influencée par notre environnement et nos comportements. En somme, notre manière de vieillir est déterminée à 30 % par l’ADN reçu de nos parents et à 70 % par notre environnement. « La bonne nouvelle, c’est que notre destin n’est pas scellé à la naissance. Nous sommes les acteurs de notre propre vie, » précise la dermatologue. Ces recherches visent à prévenir les maladies et ralentir le processus de vieillissement. En outre, les travaux de la biologiste moléculaire américaine Elizabeth Blackburn, lauréate du prix Nobel de médecine en 2009, ont mis en lumière ce concept en démontrant que les télomères aux extrémités des chromosomes raccourcissent avec les divisions cellulaires, ce qui peut conduire à la dégénérescence et à des maladies.
Comment intervenir au quotidien ?
Pour prévenir la mort des cellules qui engendre des dommages, il est crucial de les protéger contre l’oxydation et l’inflammation. Dans son livre L’Effet télomère (Trédaniel, 2017), coécrit avec Elissa Epel, docteure en psychologie, l’auteure recommande de prêter attention à notre alimentation, sommeil, gestion du stress, et même de pratiquer la méditation. Grâce à ces découvertes, on distingue désormais l’âge chronologique (selon la date de naissance) de l’âge biologique (selon nos marqueurs épigénétiques), bien que ce dernier soit encore difficile à préciser. Bien que certains sites proposent des « tests épigénétiques » basés sur un simple échantillon de salive ou une prise de sang, promettant d’évaluer nos prédispositions à certaines maladies ou l’impact de nos habitudes de vie, la science en est encore à ses premiers pas. Néanmoins, il est indéniable que la médecine anti-âge progresse rapidement. « Nous assistons à une fusion entre la haute technologie et la médecine traditionnelle holistique », se réjouit Cyrille Telinge, biologiste et fondateur de la marque de cosmétiques et compléments alimentaires Novexpert. L’épigénétique nous encourage à adopter un mode de vie durable. Voici quelques conseils à suivre.
1er conseil : privilégier une alimentation équilibrée
Il est conseillé de s’inspirer des régimes méditerranéen ou d’Okinawa au Japon, où les habitants jouissent d’une longévité remarquable. Sans imposer de restrictions strictes, il est important de manger à sa faim et non plus. Olivier Courtin-Clarins recommande une consommation variée de légumes et fruits de saison, riches en vitamines, minéraux et polyphénols, idéalement bio. Il suggère aussi l’intégration de protéines végétales comme les lentilles et pois chiches, ainsi que des oléagineux non salés tels que les amandes et noix de cajou. La consommation de viande devrait être limitée à une fois par semaine, tandis que celle de petits poissons gras comme la sardine, le hareng et le maquereau est recommandée deux à trois fois par semaine. Un œuf au petit-déjeuner, des épices comme le curcuma (qui a des propriétés anti-infectieuses et protège le système digestif) associé au poivre pour une meilleure absorption, ainsi que des exhausteurs de goût tels que l’ail et l’oignon (riches en flavonoïdes) sont également conseillés. Varier les huiles (olive, colza, lin, cameline) et consommer régulièrement des thés verts et tisanes est bénéfique. Enfin, un peu de chocolat noir à 70 ou 80 % peut être excellent pour le moral, car la phényléthylamine qu’il contient stimule la production d’endorphines.
2e conseil : pratiquer une activité physique régulière
L’exercice physique est essentiel pour stimuler la circulation sanguine et lymphatique et pour renforcer la densité osseuse. Des études ont montré que les personnes qui pratiquent régulièrement du sport ont des télomères plus longs que celles qui n’en font pas. Au quotidien, il est recommandé de limiter le temps passé assis, comme le suggère Oliver Courtin-Clarins. Par exemple, rester debout pendant les réunions, marcher lorsqu’on est au téléphone, ou se déplacer plutôt que d’envoyer un courriel à un collègue, sont des habitudes à adopter.
3e conseil : adopter des soins avancés
« Le concept d’épigénétique a commencé à être intégré dans l’industrie cosmétique dans les années 2000 et 2010 », rappelle Martine Baspeyras. Depuis, grâce à une meilleure compréhension des mécanismes du vieillissement, les laboratoires de pointe cherchent à optimiser les conditions de fonctionnement des cellules. La Dr Nadine Pernodet, vice-présidente senior en biosciences chez Estée Lauder aux États-Unis, explique : « Cela fait maintenant quinze ans que nous travaillons sur ce sujet et que nous déposons des brevets, notamment sur l’étude des sirtuines, une famille de protéines qui favorisent la jeunesse et l’interaction cellulaire. Nous nous efforçons de prolonger le fonctionnement biologique de la peau pour qu’elle reste jeune plus longtemps. » L’exposome (UV, pollution, stress, etc.) provoque des inflammations qui augmentent anormalement la production de radicaux libres et réduisent l’énergie des cellules, tandis que l’optimisme et le plaisir contribuent à leur bonne santé. Parmi les ingrédients choisis, la vitamine C et certains extraits d’algues fractionnés ont montré d’excellents résultats pour optimiser les activités et la fonction des fibroblastes, ces cellules responsables de la production de collagène et d’élastine. Et si l’on ajoute à cela les moments de calme consacrés aux soins personnels et au massage d’une crème au parfum délicat sur la peau, on répond également aux principes de l’épigénétique.
4e conseil : opter pour des compléments alimentaires ciblés
Il est reconnu que certaines vitamines (notamment les vitamines B9 et B12) et des minéraux comme le magnésium influencent l’expression génique. « L’objectif est de maintenir des cellules de qualité plutôt que d’en augmenter le nombre », commente Cyrille Telinge. De nombreuses études ont démontré que certaines molécules activent les bons gènes. » En complément d’une alimentation équilibrée, il peut être judicieux de suivre des cures de vitamines, à condition de les poursuivre quotidiennement pendant trois mois pour observer des résultats.